Le labyrinthe du silence

Allemagne 1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.
Je n'avais jamais pensé que treize ans après la fin de la guerre, les Allemands ignoraient ce qui s'est passé à Auschwitz et même le nom du camp. Et personne ne voulait savoir, ou presque. En cela, le film recèle un aspect implacable. Il traite clairement de la volonté d'oubli de certains Allemands opposée à celle de vérité et d'expiation d'autres. Il est aussi question de l'Allemagne d'après guerre avide de fêtes (la reconstitution est impeccable), de la difficile reconstruction des déportés, d'amitié, d'obsession, d'acharnement, de pardon. Le film, bien qu'assez académique dans sa réalisation et son déroulement, est riche, non dénué d'humour et porté par une très jolie bande originale. De façon générale, le casting est impeccable. Plus particulièrement, Alexander Fehling est excellent, tout passe par son visage. Friederike Becht apporte une touche de fraîcheur et de légèreté. Johannes Krisch est très touchant. Si la partie concernant la vie privée du procureur -mélange de trois procureurs ayant existé- est prévisible, on se laisse porter par cette enquête semée d'embûches, passionnante de bout en bout entre inertie de l'administration, politique internationale complexe et changeante, témoins rétifs et protections en haut lieu. Elle ménage par ailleurs quelques plages d'émotion sincère et puissante, sans jouer sur du gros pathos tire-larmes. Un premier film brillant et aussi indispensable d'un point de vue historique qu'un film peut l'être.
9/10


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