Le mystère Sherlock de J-M Erre

J'ai lu ce livre il y a deux ou trois ans, on me l'avait offert je crois. J'ai eu envie de le relire. J'ai souvent envie de le relire. 
Meiringen, Suisse. Les pompiers dégagent l'accès à l'hôtel Baker Street, coupé du monde pendant trois jours à cause d'une avalanche. Personne n'imagine que, derrière la porte close, se trouve un véritable tombeau. Alignés dans les frigidaires, reposent les cadavres de dix universitaires. Tous sont venus là, invités par l'éminent professeur Bobo, pour un colloque sur Sherlock Holmes. Un colloque un peu spécial puisque, à son issue, le professeur Bobo devait désigner le titulaire de la toute première chaire d'holmésologie de la Sorbonne. Le genre de poste pour lequel on serait prêt à tuer.
 
Jean-Marcel Erre (1971 - ) publie son premier roman en 2006, Prenez soin du chien, une enquête loufoque mettant aux prises les locataires de deux immeubles jumeaux. Suivent Made in China et Série Z. Paru en février 2012, son roman Le Mystère Sherlock, est finaliste du prix Orange du livre et dans la sélection 2013 du Cezam Prix Littéraire Inter CE. En septembre 2014, son roman La Fin du monde a du retard obtient le Groprix de littérature grolandaise. Erre rejoint alors l'équipe des auteurs de l'émission Made in Groland sur Canal +. Ses romans sont traduits en Russie, Corée du sud, Italie, Slovénie et Chine.

Pourquoi ai-je eu envie de relire ce petit livre ? Parce que j'en ai gardé le souvenir d'un petit bijou d'humour particulièrement hilarant.
Et ma mémoire ne m'a pas trompée. Chaque page est drôle et certaines sont à hurler de rire (je pense notamment au vaudeville de la première nuit avec Dolorès qui écoute au mur par inadvertance et Eva qui enchaîne les vacheries). C'est hilarant, désopilant, bourré de trouvailles géniales (les post-its du Pr Bobo, les lettres au confesseur, le Bobby-smile marque déposée...) et de clichés détournés. Les dialogues et les personnages sont ciselés  avec brio, caricatures intelligentes d'universitaires dont les rivalités et mésententes sont décortiquées jusqu'à l'absurde. Tous sont parfaitement cinglés, opportunistes et hargneux. Leurs présentations pour obtenir la chaire sont particulièrement savoureuses : complètement délirantes, elles sont affirmées avec conviction et contrées à grands coups de sarcasmes venimeux.
Les personnages sont complètement déjantés, même la journaliste qui, au bord de l'hystérie, continue de manier l'humour noir comme planche de salut au milieux des holmésiens dégénérés -et déchaînés, confis, au choix, à la coke, à la foi, au sarcasme, au silicone ou au mépris. Chapeau bas pour la sublimement agressive Eva von Gruber, la catho-pas chrétienne Dolores Manolete et notre bon ami JPP3 aussi perché que son nom peut l'indiquer.
Sherlock Holmes est présent à chaque page, ou presque, entre deux vacheries et trois citations. Se pose la question de la véritable existence de Holmes et même de son discours dans la fiction. Est-il un affabulateur ? Le questionnement est passionnant, d'autant plus que l'auteur connaît le canon et tout ce qui se rapporte au détective sur le bout des doigts, y compris les pastiches postérieurs. Erre n'est, de surcroît, pas monomaniaque et ne laisse pas Agatha Christie de côté, quoiqu'elle ne joue qu'un rôle très secondaire. Saleté de poirotphiles sournois ! (J'en suis !).
L'enquête n'existe pour ainsi dire pas mais l'intrigue est menée tambour battant, sans temps mort, enchaînant les coups de théâtre et les engueulades. Quant au final, il est épatant et singulièrement brillant. 
Un de mes romans favoris qui me remonte le moral et surtout me faire rire à chaque page. 


10/10



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