Dans la peau de Coventry de Sue Townsend

J'ai lu le résumé dans un magazine au début du mois. Ace moment, je l'ai classé dans à acheter plus tard, ce n'était pas une priorité de lecture. Toutefois, j'ai eu l'occasion d'emprunter cet ouvrage à l'un de mes proches cette semaine. 
Fuyant un mari ennuyeux qui voue un amour inconditionnel à ses quatre tortues domestiques, une existence monotone dans le lotissement des Chemins Gris où il ne se passe jamais rien, et surtout la police, Coventry va se découvrir une âme d'aventurière… et de fugitive sans le sou. Tandis que tout le monde la recherche activement, ses tribulations en plein cœur de Londres, aux côtés de personnages tous plus rocambolesques les uns que les autres, vont se révéler bien plus drôles qu'une vie de femme au foyer dans la banlieue anglaise…


Sue Townsend (1946 - 2014) est une romancière britannique, spécialisée dans la littérature pour enfants. Très intéressée par la politique, ses œuvres mêlent souvent humour, descriptions sociales et satire. Atteinte d'une maladie neurodégénérative, elle doit se déplacer en fauteuil roulant. Elle souffre de diabète et d'insuffisance rénale et devient aveugle en 2001.
Elle a rejoint un groupe littéraire à 30 ans et a reçu sa première récompense littéraire à 33, pour sa pièce Womberang (1979). Elle entame une carrière d'écrivain en publiant son premier roman en 1982. Le roman Journal secret d'Adrien 13 ans ¾ devient un énorme succès. C'est le premier d'une série de huit romans mettant en scène le jeune Adrien Mole. Elle publie aussi d'autres romans, tels que La Reine et moi en 1992, dans lequel elle imagine que la famille royale est obligée de quitter le palais de Buckingham pour s'installer en banlieue, ou La Femme qui décida de passer une année au lit.

Sue Townsend avait indéniablement une belle plume, vive, pleine de verve et d'humour, parfois noir. Elle savait trousser des situations improbables et pourtant réjouissantes tout en peignant le portrait au vitriol d'une Angleterre thatcherienne pleine d'illusions. Elle réussit à brosser le portrait de ses personnages en quelques lignes ou quelques pages, tantôt épouvantables, tantôt hilarants. Caustique, elle critique vertement la société : les happy fews égocentriques, les flics bornés, les intellos excentriques, les banlieusards vulgaires, les banlieusards passifs se cherchant une échappatoire... Satirique, le roman égratigne aussi la société machiste qui condamne les jolies filles au rôle de potiches. 
Coventry est une héroïne assez extraordinaire. Belle femme recroquevillée sur elle-même et sur sa vie de desperate housewife, elle se découvre une âme d'aventurière. Tout ou presque l'émerveille, même quand rien en va, et parfois, pour elle, rien en va. Elle n'a pour ainsi dire pas de limite, pas de barrière morale. Elle fait ce qu'elle croit devoir faire et, finalement, l'avis des autres importe peu. 
S'il est drôle, le roman manque d'une vraie trame. Les aventures de Coventry se succèdent et se ressemblent, abracadabrantesques. Certains personnages auraient mérité d'être plus développés, comme son sociopathe de frère et son épouse.
J'ai adoré la tirade sur les livres, qui, je le confirme, sont sexy. Au final, la lecture se révèle plaisante et intelligente mais un peu trop décousue.

7/10

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