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Affichage des articles du novembre, 2017

C'est tout pour moi

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Depuis toute petite, Lila veut devenir danseuse, n’en déplaise à son père. Elle débarque à Paris pour réaliser son rêve, mais de galères en désillusions, elle découvre la réalité d’un monde qui n’est pas prêt à lui ouvrir ses portes. Premier film charmant mais brouillon et partant dans tous les sens, C'est tout pour moi est une comédie dramatique sur l'amour filial et la rage de vaincre. Nawell Madani, dont la joyeuse ambition est communicative, raconte aussi le nécessaire travail derrière un sketch et l'ambiance parfois détestable qui règne dans le milieu du stand-up. Elle s'est intelligemment adjoint François Berléand et Mimoun Benabderrahmane, tous deux excellents. Souvent drôles, les dialogues sont percutants et plutôt bien écrits mais pas hilarants non plus. Dommage que je n'ai pas compris tous les mots parfois avalés par les comédiens. Le scénario, sans surprise, souffre d'une prévisibilité agaçante. En bref, il y a du potentiel mais il va falloir bo

Battle of the sexes

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1972. La championne de tennis Billie Jean King remporte trois titres du Grand Chelem. Refusant d'être payée moins que ses homologues masculins, elle engage un bras de fer avec l'establishment du tennis. C'est alors que l'ancien numéro un mondial Bobby Riggs, misogyne et provocateur, met Billie Jean au défi de l'affronter en match simple. Riggs est-il misogyne ou a-t-il tellement envie et besoin de revenir sur le devant de la scène du tennis qu'il est prêt à toutes les provocations pour y parvenir ? Je n'ai pas encore réussi à répondre à la question. Après tout il était ami avec Billie Jean King, non ? Émaillé de quelques répliques franchement drôles, le film souffre d'un gros manque de rythme en son milieu ainsi que d'un manque d'audace. Le résultat est trop timoré pour convaincre totalement, malgré de vraies qualités, notamment du point de vue du casting. Emma Stone, enlaidie, campe avec justesse une femme aussi passionnée qu'incert

La fleur de verre de George R. R. Martin

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Attirée par la jolie couverture et le nom de l'auteur, j'ai récemment acheté ce recueil de nouvelles. Un mystérieux artefact qui permet de changer de corps... au prix d’un sacrifice terrible. Une étrange auberge où l’on croise de curieux voyageurs... mais où personne n’est ce qu’il prétend être. Des enlèvements inexpliqués... Une ancienne petite amie un peu trop envahissante... Une lutte entre le Bien et le Mal digne des meilleurs pulps des années 1950... Les nouvelles de George R. R. Martin sont autant de redoutables récits à l’écriture implacable, où se côtoient horreur, fantastique et science-fiction.  George R. R. Martin (1948 - ) a écrit des fan fictions dès l'adolescence et remporte en 1965 un Alley Award. Diplômé en journalisme et objecteur de conscience, il accomplit, au lieu de partir au Viêt Nam, deux ans de volontariat dans le cadre du programme de la guerre contre la pauvreté. Ensuite, il devient superviseur de tournois d'échecs, puis professeur de j

Madame

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Anne et Bob, un couple d’Américains fortunés récemment installé à Paris, convient douze invités triés sur le volet. Lorsque Anne réalise qu’un treizième couvert est posé, elle demande à Maria, sa bonne, d’enfiler une robe et de se faire passer pour une riche amie espagnole. N'ayant pas vu la bande annonce ni la moindre promo, je suis allée voir le film sur le nom des acteurs et l'affiche. Plutôt bonne pioche quoiqu'imparfaite. Madame c'est l'histoire cruelle d'une élite snob qui se croit libérale qui se trouve confrontée au naturel et à la liberté d'une domestique efficace. Rossy de Palma campe cette femme un peu naïve mais aussi sincère, face à une Toni Collette glaciale en bourgeoise, ex-prof de tennis, vraie garce qui s'ennuie derrière son sourire de façade. Harvey Keitel, Michael Smiley et Tom Hughes complètent joliment le casting. Tout ici est policé et se fait en secret, ou du moins en cachette. Amanda Sthers, auteur et réalisatrice, abus

Un été à Pont-Aven de Jean-Luc Bannalec

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On m'a offert ce livre récemment. Je ne suis pas une fan de romans policiers mais je ne boude jamais mon plaisir face à un livre offert. Pont-Aven. Pierre-Louis Pennec, propriétaire du Central, l'un des hôtels les plus fameux du centre-ville, a été retrouvé assassiné dans son établissement. Le commissaire Georges Dupin, muté dans le Finistère quelques années auparavant, et très attaché à sa région d’adoption, est chargé de l’enquête. A première vue, les témoignages de tous convergent, lisses, sans faille. Pourtant, il flaire une piste lorsqu'il apprend que Pennec savait ses jours comptés. Qui sont les héritiers de ce dernier, et que lègue-t-il au-delà de son prestigieux hôtel ?  Jörg Bong (1966 - ) est un éditeur allemand, traducteur, critique littéraire, et écrivain. Il a étudié la littérature allemande, la philosophie, l'histoire et la psychologie à l'Université rhénane Frédéric-Guillaume de Bonn et à l'Université Johann Wolfgang Goethe d

Maryline

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Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle monte à Paris pour devenir comédienne. Mais, elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure. Le film a l'intelligence et l'humour dans l'émotion de Guillaume Gallienne mais il relève presque du film concept. Film dans le film ou théâtre dans le film, mise en abîme esthétique et parfois malicieuse de la difficulté d'être une actrice débutante dans un monde qui brille, recelant toutefois de nombreux pièges. Gallienne n'épargne pas son personnage auquel on a parfois du mal à s'attacher, notamment du fait d’ellipses parfois abruptes et d'une passivité agaçante. Adeline d'Hermy, à qui je trouve des airs de Mélanie Bernier, interprè

Justice league

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Après avoir retrouvé foi en l'humanité, Bruce Wayne, inspiré par l'altruisme de Superman, sollicite l'aide de sa nouvelle alliée, Diana Prince, pour affronter un ennemi redoutable. Ils recrutent une équipe de méta-humains pour faire face à cette menace inédite.   Après une mise en bouche réussie sous forme de reprise d'Everybody knows de Leonard Cohen par une certaine Sigrid, le film, bien que plaisant, ne parvient jamais à complètement décoller. L'alchimie ne se fait pas, la faute à des personnages masculins essentiellement individualistes et pour certains trop peu développés. Gal Gadot, seule touche féminine de la bande, tire son épingle du jeu, de même que les autres amazones brièvement aperçues. Ezra Miller amène une touche d'humour et de ravissement mais le coup de "je trébuche toutes les 5 min", il ne faudra pas le faire trop souvent, ça lasse. Ray Fisher et Jason Momoa manquent de charisme tout comme Ben Affleck qui ne r

Jalouse

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Nathalie Pêcheux, professeur de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage...  La bande annonce m'avait fait rire, comme le film. La première qualité de Jalouse est sans doute de faire rire du début à la fin. Les situations sont marrantes, les dialogues joyeusement salés voire carrément vaches. La deuxième réside dans sa mélancolie sous-jacente et le regard porté sur une femme qui perd pieds. L'émotion affleure sous la comédie. L'excellente Karin Viard s'en donne à cœur joie pour incarner cette femme jalouse, vindicative, de mauvaise fois, mais surtout malheureuse et en plein questionnement. Elle est accompagnée par un casting réussi, d'Anne Dorval à à Dara Tombroff en passant par Anaïs Demoustier et Bruno Todeschini. Mention spécia

Les lames du cardinal de Pierre Pevel

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Ceux qui me lisent le savent, j'adore Pierre Pevel. J'ai lu tous ses livres. Bon ok, presque, j'ai un peu de retard vu que généralement j'achète ses ouvrages dans un salon du livre pour me les faire dédicacer.  Je me suis lancée dans une relecture du cycle des Lames du cardinal. Pourquoi ? Ben parce que j'avais envie, tiens ! 1633, sous le règne de Louis XIII, le Cardinal de Richelieu veille à la bonne marche du royaume de France, de plus en plus menacé par l’Espagne et ses nouveaux alliés : les dragons. Or à situation exceptionnelle, moyens exceptionnels : le Cardinal se voit contraint de faire appel à une compagnie d’élite qu’il avait lui-même dissoute. Sous le commandement du capitaine La Fargue, les bretteurs les plus vaillants et les plus intrépides que possède le royaume sont ainsi réunis pour former à nouveau les redoutables Lames du Cardinal.  Pierre Pevel (1968 - ) a d'abord été scénariste, journaliste et auteur pour les jeux de rôl

D'après une histoire vraie

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Delphine, auteur d’un roman consacré à sa mère devenu best-seller, éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, est tourmentée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir livré sa famille en pâture au public. En panne d'inspiration, tétanisée à l'idée de devoir se remettre à écrire, elle rencontre Elle, une admiratrice. N'étant pas fan de Polanski, même si j'ai  plutôt aimé Carnage et The ghost writer, j'étais surtout attirée par le thème et la présence d'Eva Green. Je ne parviens pas à me faire un avis définitif sur ce film. Je ne sais pas s'il révèle un véritable point de vue ou s'il s'agit d'une caricature outrancière de ses modèles. Le film évoque le relation de l'auteur avec ses lecteurs et la difficulté de se relancer après un succès dévorant. Il interroge aussi les conséquences de l'auto-fiction (quoique que ce terme puisse signifier). Emmanuelle Seigner campe avec justesse une romancière

Carbone

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Menacé de perdre son entreprise, Antoine Roca, un homme ordinaire, met au point une arnaque qui deviendra le casse du siècle. Rattrapé par le grand banditisme, il lui faudra faire face aux trahisons, meurtres et règlements de compte.  Olivier Marchal sait réaliser de bons polars, sombres, un rien poisseux, assez 80's dans leur inspiration, il le prouve une fois encore. Avec un casting aux petits oignons mené par un Benoît Magimel épaissi et d'une densité tantôt rassurante tantôt inquiétante, il explore la noirceur de l'argent facile, de l'avidité qu'il engendre et ses désastreuses conséquences en forme de spirale infernale. La présence de quelques clichés n'enlève rien à la force du propos. Nerveux, le film a beau annoncer la couleur dès le départ, il réussit à nous surprendre dans un final énigmatique.   9/10