Servir froid de Joe Abercrombie

J'ai lu la trilogie La première loi il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé. Un roman unique qui se déroule dans le même univers, j'ai pensé que ça ne pouvait être que chouette. 

C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre. La guerre est un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires au service du grand-duc Orso. Ses victoires l'ont rendue très populaire... trop, même, au goût de ses employeurs. Trahie, jetée du haut d'une montagne et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une insatiable soif de vengeance. Quoi qu'il lui en coûte, sept hommes devront mourir.
Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience. C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance. 

Joe Abercrombie (1974 - ) est un écrivain anglais de fantasy. Il vit à Bath, dans le Somerset, avec sa femme, Lou, avec qui il a trois enfants. Il est considéré comme l'un des principaux représentants du courant gritty ou grimdark, sous-genre dérivé de la dark fantasy, aux côtés d'auteurs tel que George R. R. Martin. Ce courant se caractérise par des univers où la violence et les intrigues politiques sont omniprésentes, une atmosphère très sombre, un contenu assez cru au niveau du sexe et du langage, et des personnages principaux ambivalents, souvent des antihéros. Il décrit ses œuvres de fantasy comme ayant « l'âpreté, la cruauté et l'humour de la vie réelle, où le bien et le mal dépendent de la position que vous avez, comme dans le monde réel ».
Joseph Edward Abercrombie fait ses études secondaires à la Lancaster Royal Grammar School avant d'étudier la psychologie à l'université de Manchester. Pendant sa jeunesse, il pratique le jeu de rôle sur table et lit de nombreux romans de fantasy avant de se lasser du genre en raison de son côté prévisible. A Londres, il travaille dans une société de postproduction télévisuelle avant de commencer une carrière de monteur indépendant. À la fin des années 90, la lecture du premier tome du Trône de fer le réconcilie avec la fantasy. En 2001, il se lance dans l'écriture d'une trilogie « de fantasy épique mais en se concentrant davantage sur des personnages vifs et sur l'action, avec beaucoup de rebondissements, une prose à la modernité dépouillée et par-dessus tout de l'humour ». The Blade Itself est publié en 2006. Il est suivi les deux années suivantes par deux autres tomes qui forment la trilogie La Première Loi. Continuant à écrire dans le même univers, il publie en 2009 Servir froid, puis Les Héros en 2011 et Pays rouge en 2012. L'auteur est ensuite approché par HarperCollins afin d'écrire pour un public plus jeune et y voit l'occasion de créer un monde différent et de raconter une histoire avec moins de violence et de sexe tout en conservant les marques de fabrique qui ont fait son succès. Il écrit donc la trilogie de La Mer éclatée dans un monde inspiré par la culture des Vikings et dont les trois volumes présentent la particularité d'avoir chacun des personnages principaux différents. En 2015, ses ouvrages sont désormais publiés dans plus de vingt langues. Il revient à l'univers de La Première Loi en 2016 par l'intermédiaire d'un recueil de nouvelles, intitulé Double Tranchant, constitué de treize récits s'y déroulant. Son projet suivant est une nouvelle trilogie se situant dans le monde de La Première Loi environ vingt à trente ans après les événements de celle-ci.

J'aurais dû relire La première loi avant parce que de nombreuses références y sont faites et des personnages qui en sont issus apparaissent plus ou moins longuement. Mes souvenirs sont suffisants pour voir les références ou reconnaître les personnages mais pas pour me rappeler exactement leur rôle ou les évènements cités. Cela dit, cela ne m'a gênée en rien dans la compréhension de l'intrigue, c'était juste frustrant de savoir qu'il y avait quelque chose et que je n'avais peut-être pas tout saisi, problème que n'aurait pas eu un lecteur n'ayant pas lu la trilogie. 
Je suis assez mitigée quant à ce roman. Il est particulièrement âpre et offre des anti-héros antipathiques auxquels je ne me suis pas assez attachée. Monzcarro a un très joli prénom. Il s'avère que, brûlante de rage, aveugle à tout ce qui n'est pas sa vengeance, elle  est assez insupportable. D'autant plus qu'on ne cesse de dire qu'elle est brillante, fin stratège, etc, mais que cela n'apparaît que rarement. Et ses acolytes sont pires, entre l'homme de guerre alcoolique à la loyauté mouvante, l'empoisonneur auto-satisfait, le Nordique paumé et le tueur effacé un brin obsédé par les chiffres. Le bref passage de Vitari remonte le niveau des personnages, son ironie mordante m'amuse. J'ai même trouvé que certains de ses adversaires étaient nettement plus attrayants, notamment Salier, Ganmark et le beau duc du délai. Eux auraient mérité de plus amples développements. Eux semblaient avoir plus d'une facette.
L'action se déroule à la fois de façon rythmée et monotone : une ville, une cible. Ça peut être lassant. La dernière partie offre des rebondissements plus intéressants. Les dialogues sont excellents, échanges de piques ou de considérations sur la guerre ou l'humanité et son peu de valeur. Je ne sais pas si c'est dû à la traduction ou à l'auteur mais leur vulgarité m'a agacée, de même que l'emploi de concepts ou d'expressions très modernes. J'ai apprécié les flashbacks en début de sous-partie, bien dosés et informatifs. Et dans l'ensemble le livre est plutôt plaisant. On sent la maîtrise de l'auteur, son envie de nous impliquer, notamment via son humour bien connu. Il ne brille pas par son optimisme mais pas une noirceur plus réaliste. 
J'ai dû m'accrocher pour pouvoir finir ce livre, tout en étant contente de l'avoir lu en entier. Paradoxal.

5/10

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